Promenades dans Rome by Stendhal 1783-1842 & Caraccio Armand ed & Régnier Henri de 1864-1936

Auteur:Stendhal, 1783-1842 & Caraccio, Armand, ed & Régnier, Henri de, 1864-1936
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Paris, H. Champion
Publié: 1938-11-15T00:00:00+00:00

Pendant qu'on lui nommait un successeur, Jean XII ne restait pas oisif. Othon, pour être moins à chaige à la ville de Rome, avait eu l'imprudence de renvoyer une partie de ses troupes allemandes. Jean Xil c<Mrr<»npit, à force d'argent, la populace de Rome, qui essaya d'assassiner l'empereur et le nouveau pape Léon VIII. Le peuple fut repoussé par la garde impériale, qui tua beaucoup de Romains, et le carnage ne

' Jeau XII avftU dit dans sa lettre qu'il privût les évéqucs de leurs pouvoin : c Ut non habeant liceaUam nuUwn oaUçura. »

cessa qae lorsque les lannes de Léon VIU parrinrent à Um-cher rempereor. Ce prince qoiUa Rome. Léon VIII n'étant pins soutenu par la présence des Allemands, tout le p^ple se souleva contre lui et rappela Jean XII. Ce pape signai sa rentrée dans Rome par les cruautés d'usage ai pareille circonstance, n fit couper le bout de la langue, deux doigts et le nés au malheureux Lécm VIQ.

n assembla aussitôt un concile qui maudit cdd de Fempe-reur Othon, et décerna au pape Jean XII les titres de pape trêS'Samt, irês-fieux, très-hénin et très-doux.

Le pauvre Léon VIII, tout mutilé, avait trouvé le moyen de fuir ; il alla joindre Tempereur Othon, qui fut indigné. Ils marchèrent aussitôt vers Rome; mais sur ces entrefaites le très-saint Jean XII, étant allé le soir chez une femme qu'il aimait, y fut tellement maltraité durant la nuit par les mauvais esprits, dit révèque de Crémone, qu'il cessa de vivre huit jours après. Aussitôt les Romains nommèrent pape le cardinal Benoît, qui, sous le nom de Benoit V, prétendit excommunier l'empereur. L'année de ce prince arriva devant Rome et en forma le siège. Benott parut sur les murs et se montra aux soldais allemands, mais ils se moquèrent de lui. Rome fat prise, Léon VIII rétabli sur son siège, et Benoît V obligé de comparaître devant un concile convoqué pour le juger.

Le pape prisonnier fut conduit au palais de Latran. Un cardinal, délégué par le concile, lui demanda pourquoi il avait osé envahir la chaire 'de saint Pierre pendant la vie du pape Léon. Benoît ne répondit que ces mots : « Si j'ai péché, ayez pitié de moi. » Le bon empereur Othon ne put retenir ses larmes à ce spectacle, et demanda avec instance qu'on ne fît aucun mal à Benoît. Ce qu'il y a de singulier, c'est que Benoit, attendri à son tour par ces marques de bonté, se jeta aux pieds de l'empereur et du pape Léon, avoua sa faute, se

d^mlla des ornements pontificaux, et les remit au pape. Les temps modernes, dans lesquels on revêt de si belles phrases les mioindres cérémonies, n'ont rien à opposer à cette scène d'attendrissement.

L'empereur Othon quitta Tltalie ; les troubles recommencèrent. Léon Vlll étant mort, les Romains, d*accord avec Tem-perenr, élevèrent Jean XIII au trône de saint Pierre. Ce pape traita les grands de Rome avec tant de hauteur, qu'ils conspirèrent contre lui, se saisirent de sa personne, et renvoyèrent prisonnier dans la Gampanie.

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